Du logement intergénérationnel à l'acculturation aux générations - Cas d'analyse prospective

Dans le cadre d'un exercice de #prospective réalisé au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) sur le logement intergénérationnel à Paris, à horizon 2040 (supervisé par Vincent Pacini et réalisé avec Charles Ignatovitch et Christophe Guerard) il est apparu que certes la cohabitation des différentes générations est essentielle à notre résilience et à l'enjeu du vieillissement de la population, mais qu'il dépend beaucoup de notre acculturation à l'intergénérationnel. 

Partant de données tirées du schéma séniors à paris 2022-2026, ou du portrait social et démographique des jeunes à Paris 2022 de l' Apur - Atelier parisien d'urbanisme : 

• En 2050 les personnes de 60 ans et plus devraient doubler à Paris 

• Parmi les personnes de 75 ans et plus , 1 sur 4 vit seule dans un logement de 4 pièces et plus.

• La part des jeunes dans la population totale fait ressortir une concentration des jeunes dans les quartiers périphériques Nord, quartier universitaire centre-sud, sud est

• 62 % des étudiants franciliens qui ne sont plus chez leurs parents bénéficient d’une aide au logement,

Nous avons eu vite fait de conclure à une complémentarité entre jeunes et séniors.

Nous avons alors répertorié un certain nombre d'initiatives allant dans ce sens et les avons catégorisé en solutions volontaristes d'une part et opportunistes d'autres part avec par exemples:

• Toit en partage : dispositif ( RIVP Paris Habitat ELOGIE - SIEMP avec la Ville de Paris et l' L'Assurance retraite ) de mise en relation de séniors habitant un logement sous-occupé du parc social et des étudiants à la recherche d'un logement, 

• les jardins d'Haiti à Marseille est une maison à vivre, EHPAD, école de musique, crèche, jardin partagé, logements étudiants, restaurant, coworking. https://youtu.be/gaczty-55Fc?si=aUuSDFu8y_jnqwYg

Observant que, après une période de sectorisation des fonctions de la ville, nous nous attachons aujourd'hui à mixer les usages et hybrider l'immobilier, peut être faut il adopter la même démarche pour l'humain. Alors que les populations sont regroupées par typologie de situation (séniors actifs, parents isolés, jeunes travailleurs...avec de belles initiatives) du fait :

• de contraintes de montage : financières, techniques, immobilières.. 

• que les gens qui traversent les mêmes situations ont plus de facilité à créer du lien et de la solidarité entre eux. 

ne doit on pas mixer davantage? Après les combats pour la mixité sociale, pour l'équité de genre, place à la mixité générationnelle.

Quelques exemples de projets volontaristes allant dans ce sens :

• La maison Saint-Antoine (portée par Habitat et Humanisme lieu de vie intergénérationnel pour personnes fragilisées, réunissant autour d'un patio 27 personnes d'âges et de situations différentes (personnes isolées seules, familles monoparentales, personnes âgées ou handicapées..)

• Respélide à Avignon (développée par Oykos ) accueille 4 familles avec enfants (dont parent isolé), 11 étudiants (18-24 ans), 5 jeunes pro (27-33 ans)

• Les crèches @TometJosette

Un point commun : un espace partagé et animé, ce qui est justement un des éléments de notre analyse prospective. Le sujet va au delà de l'espace de vie individuel immobilier. En soi les immeubles collectifs courant sont intergénérationnels, il me suffit de regarder dans mon immeuble (de jeunes parents à gauche, une famille nombreuse au dessus, des travailleurs expatriés âgés en dessous, ma voisine sénior, dont je résous régulièrement les problèmes informatiques à droite). Mais la rencontre intergénérationnelle se fait grâce à :

• des événements communautaires réguliers organisés par la copropriété, l'animation portée par le gardien, 

• l'espace commun : le jardin, le hall

• l'ouverture des gens, l'aptitude à se rencontrer au delà de se cotoyer

Face à un contexte changeant et selon un scénario prospectif dans lequel :

• les aides (santé, sociales..) diminueraient, 

• l'individualisme augmenterait 

le maintien en bonne santé, et la solidarité sont des pistes pour notre résilience, avec notamment l'enjeu d'apprendre à se connaitre entre générations alors que nous sommes aujourd'hui en France 4 générations à vivre simultanément : qui sont les "séniors", qui sont les "jeunes"...

Laurent Boucraut directeur de la maison à vivre des @jardinsdHaiti l'EHPAD et crèche, témoigne d'un retour de parents" une maman m'a écrit un mail trop sympa en me remerciant pour le projet, parce que sa fille, au dela d'avoir grandit dans une crèche, a grandit auprès de personnes âgées, et qu'un fauteuil roulant aujourd'hui ça ne l'effraie pas"

Réintégrer le cycle de vie de l'humain. Nous ne sommes pas enfants, puis jeunes, puis adultes, puis séniors, dès notre premier jour nous sommes vieillissant, nous perdons 1% du volume de notre cerveau chaque année à partir de 25 ans (un rappel pour ceux auxquels j'ai partagé la pratique de la méditation et l'effet sur le bien vieillir ) 

Alors que nous avions abordé l'exercice sous l'angle d'une problématique immobilière la prospective nous a permis d'identifier des enjeux qui n'étaient pas ceux que nous imaginions au démarrage : l'intergénérationnel n'est pas qu'un sujet immobilier c'est aussi et surtout un sujet d'acculturation et peut etre de formation. De fait ne traiter l'intergénérationnel qu'avec une réponse immobilière peut ne pas suffir pour atteindre les objectifs de solidarité et de résilience souhaités pour les populations à venir.

#intergénérationnel #vieillirenbonnesanté #génération #regeneration #resilience #usages 

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